mardi 6 octobre 2009

Rencontre improbable entre deux univers

Il faut de tout pour faire un monde et la pièce d'Alexis Martin offre un condensé d'éléments disparates dont l'interaction donne lieu à des situations pour le moins loufoques.

Alors que Guylaine (Émilie Bibeau) attend avec anxiété l'arrivée de son amoureux, elle a la désagréable surprise de voir débarquer inopinément son frère Bob. Ce dernier, qui fricote avec la petite pègre, est dans le pétrin jusqu'au cou. Guylaine réussit tant bien que mal à s'en débarrasser avant que ne se pointe son petit ami, brillant universitaire nanti «d'une mémoire» sur la mort de Dieu qui éveillera peu d'échos chez sa compagne, celle-ci mettant toutes ses énergies à surveiller son langage afin de se montrer à la hauteur. Cette situation cocasse prend abruptement fin lorsque le couple découvre un Bob ensanglanté gisant dans la cour.

L'heure est grave, Gilles doit de toute urgence aller porter au grand boss une missive donnant le nom de deux rivaux à abattre. Quelqu'un doit y passer - ces gars-là, ou bien Bob et Matroni - mais notre philosophe porteur de principes à toute épreuve fera bien des manières avant d'apporter son concours à une entreprise qu'il juge immorale.

L'essence de la pièce se retrouve dans le dialogue de sourds auquel se livrent Gilles (François Létourneau) et Matroni (Pierre Lebeau). L'un joue son rôle d'intellectuel naïf à la perfection, l'autre - le Méo des Boys - est expressif à souhait.

On n'est pas à court de surprises, le dernier tableau nous apportant l'arrivée - et la brutale sortie - du père de Gilles. Cet avocat désabusé utilisera d'une main de maître verbe, ironie et gin tonic afin d'amener son fils à sauver sa peau et peut-être regarder la vie d'un autre œil, le sien.

Matroni et moi, créée il y a quinze ans par Alexis Martin, a été adaptée au cinéma en 1999. Bien que les personnages poussent la caricature à l'extrême, on apprécie l'efficacité avec laquelle ils rendent un texte rempli d'humour, de sensibilité et de questions d'ordre philosophique incitant chacun à considérer sa propre conception de la moralité.

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