mardi 31 mars 2009

Incursion dans les tréfonds du subconscient

«Le subconscient ne questionne pas, il obéit à la suggestion». Bienvenue dans l'univers fascinant d'un maître de l'hypnose qui, durant près de trois heures, s'emploiera à démontrer que l'esprit l'emporte sur la matière.
Transfert d'énergie, magnétisme, hypnose... Les techniques utilisées par Messmer demeurent énigmatiques, tout comme le personnage. Le peu que l'on sait est qu'il a commencé tout jeune à les mettre en pratique (les résultats obtenus font d'ailleurs foi d'une longue expérience). On présume en outre que son nom de scène provient du terme anglais «mesmerized», qui signifie fasciné.
C'est un fait, il fascine... et vous fait rire. On ne se moque pas des volontaires qui ont l'audace ou la curiosité de se prêter à son jeu, mais ce qu'il réussit à tirer de ses somnambules ne peut que déclencher l'hilarité. S'il les fait marcher en apesanteur, régresser dans le temps, parler martien ou japonais, gardons à l'esprit que les personnes qui sont montées sur scène lui ont accordé le pouvoir d'agir sur leur subconscient. Sinon, c'est l'angoisse.
Il lui suffit dans certains cas - ça ne fonctionne pas avec tout le monde - d'un simple contact, un regard, une parole et vous voilà un pantin qu'il contrôle à sa guise. Son attitude n'a cependant rien d'offensant. Lorsque le charme n'opère plus, Messmer ou son partenaire Sincler se contente de remercier la personne et de revenir à celles qui sont toujours envoûtées. Certains dans la salle - particulièrement réceptifs à son énergie - ont momentanément perdu le contrôle de leurs facultés motrices ou se sont mis en mode veille. S'il est vrai que quelques minutes d'hypnose valent trois heures d'un sommeil réparateur, alors on se réjouit pour eux. Après tout, ceux qui ont harponné des requins, se sont délectés d'une bonne pinte de sang en Transylvanie ou se sont payé une mémorable chevauchée à l'époque des Patriotes méritent bien un peu de repos. Quant à Franck Einstein, espérons qu'il a recouvré sa pleine identité...

mardi 24 mars 2009

De 80 à 107 ans trente-sept aînés remarquables

La voie semblait toute tracée pour ce professeur de littérature à la retraite pratiquant depuis près de 40 ans la course de fond: publier un ouvrage dont les héros seraient des gens ayant suivi un parcours de longue haleine.
M. Serge Richard, qui a enseigné le théâtre et la littérature à François-Xavier Garneau, est passé au journal jeudi dernier. Après un entretien avec ce gaillard sympathique, j'avais entre les mains le livre qu'il publiait à compte d'auteur en janvier dernier. Essentiellement, il y fait ce constat: «Les sociétés occidentales, en boudant les connaissances de leurs aînés, pratiquent l'art vain de s'appauvrir.»
Parmi les gens qu'il a rencontrés, trois sont des personnalités connues: Jacques Amyot, premier à effectuer à la nage la traversée du Lac-Saint-Jean; Paul Hébert, brillant comédien surnommé le «Rêveur acharné»; Phil Latulippe, dont M. Richard a fait paraître en 1991 une première biographie (Le vieil homme et la route).
Si les 34 autres octogénaires, nonagénaires ou centenaires qui font l'objet de ce livre n'ont pas connu la renommée, ils n'en sont pas moins dignes de mention. On y retrouve une Magnymontoise, Mme Jacqueline Martel, qui à 17 ans était engagée en tant que pianiste en direct à la station de radio de Sainte-Anne-de-la-Pocatière. Mme Martel utilise encore deux fois par jour son piano. Selon elle, en plus de contrer l'arthrite dans ses doigts, l'instrument est la meilleure police d'assurance pour «loger son moral dans les hautes sphères».
M. Gérard Lachance, dernier garde-feu du Mont Sugar Loaf à Sainte-Lucie-de-Beauregard, a toujours été attiré par la poésie, la nature, les voyages. L'un des plus anciens et fidèles lecteurs du quotidien Le Soleil a cumulé au fil des ans de pleines boîtes de notes et d'écrits que sa fille Alice a triés afin de publier «À l'ombre du Sugar Loaf», réédité en 2006.
Outre la rédaction de ce livre qui lui aura pris cinq ans, l'auteur ne s'est pas tourné les pouces depuis sa retraite en 2006. Ce passionné de voyages, d'ornithologie, de photographie, de course à pied et de randonnées en montagne présente des conférences un peu partout en province. Il sera d'ailleurs présent à la fin mai au Salon des générations à Québec. Enfin il ajoutait en 2008 une nouvelle corde à son arc: arborant un nez de clown car il est membre de l'organisme Docteur Fou Rire, notre Patch Adams québécois alias Colibri se fait fort d'apporter un peu de rire et d'émerveillement aux aînés qui n'ont pas tous la chance de vivre un âge d'or digne de ce nom.
On peut joindre Serge Richard afin de se procurer le livre qu'il distribue lui-même (coût 25$) ou à titre de conférencier en composant le 418-877-6236 ou en écrivant à l'adresse courriel: srichedoiseaux@videotron.ca

mardi 17 mars 2009

Guides des temps modernes

L'heure est à la quête spirituelle. Comment s'en étonner, nous qui vivons dans un monde passablement perturbé? Je vous propose dans la présente chronique deux romans dits initiatiques, le premier faisant présentement fureur un peu partout sur la planète (cinq millions d'exemplaires vendus!) et le deuxième étant considéré comme le roman phare d'un auteur à succès qui sera de passage à Montmagny dans quelques jours.
LE SHACK
Quand la tragédie a rendez-vous avec l'éternité
W. Paul Young, éditions Le jour, 331 pages
Un dégénéré s'en prend à Missy, petite fille de six ans. Quatre années plus tard, alors que le père de l'enfant n'a toujours pas fait son deuil et qu'il en veut à la planète entière et à Dieu en particulier, un billet laconique l'incite à retourner sur les lieux du crime. Il y rencontrera une insolite Trinité qui s'emploiera à ramener la brebis perdue dans le droit chemin en lui expliquant le pourquoi du comment des horreurs planétaires: «Notre terre est pareille à une enfant qui a grandi orpheline, sans personne pour la guider ou la diriger. Des gens ont voulu l'aider, mais la plupart se sont simplement servis d'elle. Alors ils usent et abusent de la terre avec insouciance et quand elle tremble ou souffle, ils s'en offusquent et montrent le poing à Dieu.»
La fin de semaine que passera au Shack notre quinquagénaire endeuillé bouleversera à jamais ses convictions profondes, sa façon de voir les choses et d'interagir avec ses semblables. Son histoire aurait eu un impact similaire sur un nombre impressionnant de lecteurs.
LE GUERRIER PACIFIQUE
Dan Millman, éditions J'ai lu, 248 pages
Sportif accompli, Dan a beau cumuler les succès, il demeure insatisfait. Sa rencontre avec un vieil excentrique qu'il appellera Socrate marquera le début d'un long et pénible cheminement vers l'éveil et «l'illumination», soit la découverte de la vérité qui se cache derrière l'infime partie de ce que l'on perçoit lors de notre passage ici-bas.
Psychologie humaniste, philosophie orientale, expériences personnelles; Dan Millman puise à toutes les sources afin d'illustrer son propos. «La mort n'est pas triste; ce qui est triste, c'est que les gens ne vivent pas vraiment.»
Ces deux livres partagent plusieurs points communs:
Primo, on ne peut qu'applaudir aux valeurs prônées par leurs auteurs (respect, tolérance, dépassement de soi...).
Secundo, les invitations à la connaissance se font par le biais de mots déposés dans la boîte aux lettres (il faut toujours être gentil avec son facteur, on ne sait jamais).
Tertio, examinons la façon dont l'enseignement est véhiculé: un sage à la science infuse s'exprime en paraboles, un initié ingénu s'acharne à ne pas poser les bonnes questions et le tout s'adresse à un lectorat qui a grand besoin de réponses. Si ces dernières s'avèrent décevantes ou prévisibles, dites-vous qu'il n'y a aucun mal à revoir des notions déjà connues, souvent négligées, toujours essentielles.
Soulignons en terminant que Le guerrier pacifique a été écrit plusieurs années avant Le Shack.
Dan Millman sera à la librairie Livres en tête ce vendredi entre 17 h et 18 h et se fera un plaisir d'y signer des autographes.

mardi 10 mars 2009

Calibre supérieur

Trois virtuoses nous ont offert une brillante démonstration de leur savoir-faire.
Il n'est pas aisé de trouver les mots justes pour décrire ce concert en trio intitulé «Autour de Beethoven». Disons d'abord qu'on n'a pas perdu de temps avec les fioritures et l'emballage. Pour la présentation des pièces, il fallait s'en remettre au programme qu'on tenait entre les mains. Les musiciens ne se sont pas adressés au public et le rappel demandé n'est pas venu. Enfin on a eu droit à un répertoire peu connu du commun des mortels. Alors?
Alors les musiciens sont simplement allés à l'essentiel, réservant toutes leurs énergies pour la qualité d'exécution du Trio No 4, op. 11 et du Trio No 5 «Les esprits» op. 70 de Beethoven, entre lesquels étaient insérés le Trio en sol de Debussy et des pièces au violon de Kreisler. La passion et l'intensité qu'ont mis dans leur jeu les trois prodiges a fait en sorte qu'abandonnant toute velléité d'analyse, on se soit laissé emporter par la beauté de la musique et les images qu'elle faisait naître. Il suffisait en somme d'observer leur écoute mutuelle et l'harmonie qui s'en dégageait pour être conquis. Et puis ils ont bien voulu nous donner un petit coup de pouce, signalant au passage (sourire en coin, archets en l'air) qu'il était temps de manifester notre appréciation.
Boursier de la Manhattan School of Music, le pianiste Martin Dubé retourne régulièrement à New York, où il a vécu cinq ans, afin de parfaire ses connaissances vocales et ses talents de coach lyrique.
Professeur adjoint de violon et directeur du département des cordes à l'Université McGill, Jonathan Crow enregistrait à l'automne 2008 son premier album solo: Sonates pour violon et piano.
Originaire de Chicoutimi, le violoncelliste Sylvain Murray est membre de l'Orchestre symphonique de Montréal et, tout comme Martin, codirecteur artistique à la Société de musique de chambre de Québec.

mardi 3 mars 2009

Autour de Beethoven

«J'ai appelé ce concert Autour de Beethoven car ce dernier tient une place toute spéciale dans ma vie. J'ai choisi deux oeuvres vraiment différentes, la première assez frivole avec des thèmes et variations où l'on voit un Beethoven rieur et assez léger et la 2e est le trio des esprits, où la noirceur et la profondeur du maître se font entendre très clairement. Figurent également au programme le Trio de Debussy, très proche encore de l'époque romantique - un délice à l'oreille - et les pièces de genre au violon de Kreisler, où M. Crow saura charmer toutes les dames du public!» Voilà qui augure bien...
On lui sait gré de venir jouer dans son patelin lorsque l'occasion s'y prête, les diverses facettes de la carrière de Martin Dubé ne lui laissant guère le temps de souffler: «Je suis très occupé ici avec les chanteurs d'opéra, travaillant à l'Université de Montréal, à l'Atelier lyrique de l'Opéra de Montréal et en privé, accueillant bon nombre de professionnels dans la préparation de leurs rôles. Je suis codirecteur artistique de la Société de musique de chambre de Québec, qui se produit quatre fois par année au Musée de l'Amérique française. Je donne environ 30 concerts annuellement dans différents festivals et autres événements et depuis 13 ans je passe les étés à la Chautauqua Institution, festival d'opéra près de Buffalo.» Enfin Martin revient tout juste de Syrie, où il est allé faire du «coaching vocal» et guider les profs de chant dans la formation de leurs élèves à l'Institut de musique de Damas.
Cette carrière brillante et prolifique, Martin Dubé la doit en partie à deux dames qu'il s'empresse de nommer: «J'ai eu la plus grande chance au monde. J'ai eu deux professeurs ici à Montmagny (Mme Paule Blanchet, professeure fantastique de piano, et Mme Claudette Fortin, prof au secondaire et mentor tout le long de mes études secondaires) qui m'ont donné le goût de la musique, la confiance et la technique pour me lancer dans des études plus sérieuses et être admis par la suite dans toutes les écoles où je faisais application. J'ai fait, en plus du piano, des études en trompette et j'ai eu mes heures de plaisir à la flûte et au cor français.»
Celui qui se décrit de façon un peu paradoxale: travaillant, extrêmement exigeant (il faut le demander à ses élèves!), trop perfectionniste, rieur et aimant la vie, termine cette entrevue en invitant les gens à venir ce samedi 7 mars les entendre, lui et ses talentueux collègues: «Je crois que ce sera une soirée très agréable sur la scène et dans la salle.»
Il reste encore quelques bons billets aux Arts de la scène: 418-241-5799 ou www.adls.ca.