mardi 26 mai 2009

Elle avait les ailes d'un ange

Une Judi Richards resplendissante tout droit descendue du septième ciel afin de sauver l'humanité a vite fait de rendre ses ailes, la tâche s'avérant trop lourde pour ses frêles épaules. Qu'importe, elle aura contribué à rendre notre vie terrestre des plus agréables, ne serait-ce que quelques heures.
La tournée intitulée Au septième ciel recèle de nombreux atouts, à commencer par la principale intéressée dont le charme, la simplicité et l'énergie ne peuvent qu'attirer les louanges. Ensuite elle est bien entourée: cinq musiciens, deux choristes et bien sûr ses comparses de Toulouse, Liette et Laurie. Lorsque Judi marie sa voix à celle de la claviériste Monique Fauteux (la chanteuse du groupe Harmonium) sur un air composé par André Gagnon, on s'approche du septième ciel. Pour que la salle s'anime vraiment, il faudra cependant attendre cette joyeuse mise en scène autour d'un feu de camp réunissant tous les éléments indispensables: vestes à carreaux, bière, guimauves et enchaînement de chansons populaires.
Le début de la deuxième partie nous amène l'inégalable Yvon Deschamps qui pète sa coche en s'en prenant aux Chinois, responsables selon lui de tous les maux de la planète, en particulier de la montée du prix de l'essence. La démonstration de sa théorie - fruit d'une logique quelque peu tordue qui lui est propre - est déjà hilarante en soi mais ce n'est pas le plus beau. Les odeurs flottant dans l'air au moment de sa visite à Montmagny (combinaison de l'épandage et de la bouffe au homard qui a lieu le soir même dans la cafétéria de Casault) deviennent pour lui matière à une improvisation qui vous fait littéralement crouler de rire.
Après cette trop brève apparition, retour sur scène de Judi et Toulouse qui rendent hommage à leur ami George Thurston, alias Boule Noire, et offrent un pot-pourri de classiques que toute la salle s'empressera de chanter en chœur.
Finalement on aura eu un peu de tout dans ce spectacle: retour sur les années 70-80, dialogues, monologue d'humour, émotion... Judi Richards nous a même offert une interprétation LSQ de la dernière pièce. Quelle tristesse, tout de même, posséder autant de talent et être mariée à un phénomène qui affirme que la principale qualité de son épouse consiste à avoir une mère qui vit à Toronto!

mardi 19 mai 2009

Hélène Guilmette séduit les Alsaciens

De retour de Strasbourg où elle incarnait Sophie dans le chef-d'œuvre de Massenet - Werther, drame lyrique en quatre actes joué à l'Opéra du Rhin - Hélène Guilmette peut rentrer au pays la tête haute. C'est qu'elle fait beaucoup parler d'elle, «Notre soprano Hélène» comme nous l'écrit une fidèle admiratrice.
Jugez-en vous-même à la lecture des critiques dithyrambiques dont elle a fait l'objet, notamment celle de Pierre-Emnmanuel Lephay le lendemain de la première: «... Mais la vraie révélation de la soirée fut pour nous la Sophie de l'exceptionnelle Hélène Guilmette. Le timbre superbe et surtout, l'incarnation magistrale nous ont complètement enthousiasmé, et pourtant la chose n'était pas facile avec un rôle qui peut faire sourire. Hélène Guilmette sait en effet donner une profondeur extraordinaire à son personnage. Même intensité dans son apparition au troisième acte. En un mot, inoubliable. Chapeau Madame. Un nom à suivre.»
Et puis encore cette autre: «La soprano Hélène Guilmette, saluée par des bravos sonores et prolongés, a incarné avec une grande virtuosité la joie de vivre et la passion toute romantique de Sophie.»
Son talent, on le connaissait déjà; l'artiste, on l'aimait déjà, mais la voir ainsi briller de tous ses feux à l'étranger est toujours impressionnant, n'est-ce pas? Hélène n'étant pas du genre à s'asseoir sur ses lauriers, elle aura vite fait de reprendre le collier car son agenda est plutôt bien rempli pour le reste de l'année:
- Le Stabat Mater de Haydn avec les Violons du Roy, dirigés par Bernard Labadie, les 3 et 4 juin au Palais Montcalm;
- Concert prélude à la fête nationale le 20 juillet au Palais des Beaux Arts de Bruxelles, avec l'Orchestre national de Belgique;
- Le concert 25e anniversaire des Violons du Roy, aux côtés du contre-ténor Andréas Scholl, à Québec et Montréal les 14 et 16 octobre;
- La 4e symphonie de Malher avec l'OSM et Kent Nagano les 1er et 2 décembre à la Place des Arts;
- Le Messie de Haendel avec Jean-Marie Zeitouni et l'orchestre symphonique d'Edmonton les 4 et 5 décembre.
Des engagements ont déjà été pris, ici au pays aussi bien qu'outre-mer, pour 2010, 2011, 2012 et 2013. Contentons-nous de souligner pour l'instant un seul d'entre eux, celui qui lui tient particulièrement à cœur: un récital le 10 février 2010 au Palais Montcalm en compagnie de son ami de longue date, Martin Dubé, pianiste virtuose qui fait lui aussi valoir ses multiples talents à l'échelle internationale.

mardi 12 mai 2009

La grande classe!

Je m'attendais à un autre méga party jeudi soir, mais les gens dans la salle se sont montrés plutôt sages et ne se sont levés pour danser qu'en deuxième partie, aux premières notes de... Dégénérations, est-il besoin de le préciser?
Il y a à cela une raison toute simple: si chaque génération, justement, y avait ses représentants - de la p'tite pinotte à la respectable grand-maman - disons que la balance penchait légèrement du côté du cheveu grisonnant. Qu'à cela ne tienne, une fois debout les gens ont manifesté de façon plus expansive leur enthousiasme et ce jusqu'à la toute fin. Heureusement, car Mes Aïeux ont à mon avis offert un excellent spectacle.
On aime leur humour, leur style, la façon qu'ils ont de présenter chaque pièce, les harmonies superbes, les textes intelligents, bref tout ce qui compose leur «funklore». Ils s'inspirent aussi bien de personnages historiques tels La Corriveau, le Grand Antonio et Alexis le trotteur que de thèmes plus généraux comme la mondialisation, la politique, la famille. Le son et l'éclairage étaient impeccables et les musiciens fameux - accordons ici une mention spéciale à la violoniste et soulignons le fait que le saxophoniste remplaçait «le vrai» au pied levé. Chapeau, on ne s'en serait jamais douté à moins bien sûr de faire partie du paléopublic.
Ils ont bien fait leurs devoirs et ont su rassembler certains éléments propres à Montmagny avant d'entamer un chant d'amour dédié à la capitale de l'oie blanche. Bien sûr la plupart des artistes font de même afin de courtiser leur auditoire, mais dans leur cas c'était particulièrement réussi et surtout très drôle.
À chacun sa cause, le groupe «néo-trad» est membre d'Équiterre, ambassadeur de la Maison du développement durable et porteur d'eau, ou si vous préférez porte-parole de la Coalition Eau Secours! Bravo!
Autre jeune à garder à l'oeil
Avant l'entrée en scène de Mes Aïeux, on a eu droit à trois pièces de l'auteur-compositeur-interprète-guitariste-harmoniciste (ouf!) Alexandre Poulin. Le sympathique jeune homme propose des chansons à textes aux rythmes accrocheurs qui vous donnent envie de le mieux connaître. Ça tombe bien, il se produira au Parc de la mairie cet été. C'est à suivre.

mardi 5 mai 2009

Ode à Grosse-Île

Il n'y a pas grand chose à l'épreuve de Maurice Boulet quand il s'enflamme pour une cause. Après la course de fond, les massages, la prospection, l'ébénisterie, la poésie et tout ce que j'oublie, le voilà qui sort un CD: «Si Grosse-Île m'était chantée».
Maurice le dit d'emblée, il ne se prend pas pour Pavarotti et ne prétend nullement troquer ses présentes occupations contre une carrière de chanteur. Il a simplement voulu traduire en musique et en chanson les sentiments éprouvés alors qu'il lisait deux petits volumes consacrés à l'île de la quarantaine. Ses lectures l'ont tellement inspiré qu'en deux temps trois mouvements il composait ce qu'il considère être l'unique hymne dédié à Grosse-Île et à son épopée.
C'est ainsi que se retrouve sur CD la tragique destinée de milliers d'Irlandais fuyant la famine pour trouver la mort chemin faisant ou au bout de leur route. L'auteur, compositeur et guitariste interprète lui-même la chanson originale, alors que Marcelle Racine prête sa voix pour la narration en anglais sur la troisième piste. Entre les deux versions, on trouve une belle et mélancolique pièce à saveur irlandaise, «Entre deux rives», jouée au piano par Marie-Hélène Greffard. Ont également collaboré à l'enregistrement Clément Lacombe (guitare), François Dumas (violon), Gabriel Messervier (basse) et Daniel Lacombe (percussions).
Maurice Boulet n'a encore jamais mis les pieds à Grosse-Île, mais il compte bien remédier à la situation dès qu'il en aura l'occasion.