mardi 17 novembre 2009

Bienvenue au royaume des Roms

Présentement en tournée au Québec, huit musiciens époustouflants nous ont offert vendredi soir un voyage en «Tsiganie» qui, sincèrement, valait le détour.

Dans La Corrida, Jean Cocteau disait des Gitans: «Ce peuple mystérieux qui semble cracher des fleurs de feu et trépigner pour les éteindre.» Le mystère et les flammes devaient attirer Dimitri puisque, tout jeune, il s'enfuit de chez lui pour suivre un groupe de Romanichels. Quelque part en Bosnie, Dimitri sauve de la noyade un de leurs enfants et se voit offrir un ours en signe de reconnaissance. Le nomade de cœur sinon de naissance devient alors dompteur et fonde des années plus tard Urs Karpatz. Voilà pour la petite histoire et l'origine du nom de ces Ours des Carpathes. Ce même Dimitri vous livre en français le sens des chants interprétés en romanès, langue des Tsiganes.

Il y est question de saisons, de beauté, d'espérance, de mal-être. Ici j'aime bien cette image du serpent à l'intérieur de soi que l'on extrait par le chant et la danse. Si la langue, les instruments et les sonorités diffèrent, tout folklore explore en soi des thèmes similaires. Mes Aïeux recréent sensiblement la même atmosphère et cette chanson intitulée «J'ai parcouru la terre avec mes semelles usées» ne vous rappelle-t-elle pas quelque chose? Si Urs Karpatz vient autant vous chercher - ce fut le cas - on le doit à l'exotisme, à la virtuosité des musiciens qui chacun son tour prend le devant de la scène, au mariage des voix, superbes, et enfin au charisme que dégagent ces singuliers troubadours. Quant à leur musique, elle se fait tantôt mélancolique, tantôt pleine d'entrain. Outre leurs propres compositions et des pièces d'origine roumaine, bulgare, ukrainienne... ils interprètent des danses hongroises de Johannes Brahms, compositeur qui aurait eu une grande influence sur leur art.

On nous a donné la permission à l'entracte d'aller examiner de plus près cet étrange instrument trônant au milieu de la scène appelé cymballum, ou piano tsigane. Heureuse initiative, car plusieurs étaient fort intrigués.

Dimitri et sa bande font la preuve qu'ils savent apprivoiser autre chose qu'un ursidé. L'enthousiasme soulevé dans la salle était indéniable et l'on n'a pas été avare sur les rappels. Le premier d'entre eux fut, textuellement, «Bonsoir à tous et faites de beaux rêves». Des rêves permettant, par exemple, de poursuivre ce périple d'Europe centrale jusqu'au nord de l'Inde, en passant par les Balkans.

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