mardi 3 novembre 2009

Une escale à Kingsey Falls

Nora Atalla, roman, Les Éditions GID, 115 pages

La nouvelle est un genre littéraire que j'apprécie tout particulièrement. Un auteur maîtrisant ses éléments - concision, rythme, sens de la chute - peut en tirer de petites merveilles.

Nora Atalla possède ce talent et l'exploite, pour notre plus grand plaisir, dans Une escale à Kingsey Falls. Son séjour de trois ans dans la région des Bois-Francs lui aura inspiré une suite de courts récits, sorte de chronique des faits et personnages qui auraient marqué ce petit village (du moins dans l'imaginaire de l'auteure).

On voit l'endroit comme un asile où auraient trouvé refuge des immigrants ayant fui l'horreur pour se refaire une santé en terre plus clémente. Si Félix Van der Vooten, Fédor Isanbaumgartner et Fang Ying Kim ont des plaies à panser, ils ne sont pas les seuls. Les gens de la place doivent eux aussi faire face aux grandes et petites misères qui composent leur quotidien. Heureusement que la jeune Emma veille au grain! «Aujourd'hui, Aurélie Boisjoly revêtit ses plus beaux atours pour se rendre à la messe de Pâques. Devant le lutrin, elle s'adressera aux ouailles de Saint-Aimé et leur offrira en témoignage ses lendemains de désolation, ses frayeurs sans nom, son incurable solitude, l'immensité de son désespoir. Aurélie Boisjoly leur parlera aussi d'une petite fille et de sa carte de l'espoir qui la fit renaître de ses cendres; de la main tendue d'Amélie Favreau; de l'auberge qu'elles ont achetée ensemble; d'Ophélia qui grandira entre elles. Oui, Aurélie Boisjoly leur racontera sa résurrection».

Vous aurez vite fait de passer à travers les vingt-deux chapitres au cours desquels les destins d'Amélie, Florence, Emma et tous ces autres personnages attachants se croisent et parfois s'unissent afin d'affronter l'adversité. Aurélie et Jonathan Robert en sont un parfait exemple: «J'ai cinquante-huit ans, j'ai une maladie incurable, et je suis une morte en sursis. (...) J'ai cinquante-cinq ans, je suis un amoureux incurable, et tout le monde meurt un jour ou l'autre.»

Lauréate de l'Apollon d'Or 2008 de Poésie vivante, Nora Atalla remportait en 2007 cinq prix littéraires dont le Premier prix du Libraire (nouvelle) et le Premier prix du Rêve (conte) de Regards.

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