mardi 22 décembre 2009

J'ATTENDAIS QUE TU OSES UN GESTE

Claude Vallières, nouvelles, Éditions Vents d'Ouest, 146 pages

Une chose me fascine encore et toujours en littérature: quand on pense que tout a déjà été écrit et qu'à peu de choses près le destin de M. Untel vaut bien celui de Mme Unetelle, quelqu'un quelque part réussit à vous arracher une larme ou un frisson, une fois de plus.

Un préposé aux bénéficiaires vient tout juste de comprendre la motivation d'une vieille dame arpentant chaque jour à une heure précise les couloirs d'un centre hospitalier en scandant le même thème, confus, que nul autre n'a encore réussi à décoder. Résultat de cette prise de conscience: «Je me suis approché vers elle et j'ai glissé mon bras sous le sien en le tenant fermement. J'ai chanté tout fort dans l'allée qui mène au poste de garde: Pomm-pom-po-pomm, pomm-pom-po-pomm! Elle redressa le dos, bomba le torse et retrouva un semblant de dignité égarée il y a longtemps dans les méandres de sa maladie. Depuis, tous les après-midi vers quinze heures, nous nous remarions madame Roberge et moi; elle avec son homme, moi avec mon métier. Nous chantons et grognons à tue-tête dans le corridor comme deux jeunes amoureux. Et je vous jure, je vous jure qu'à chaque fois, j'ai un peu l'impression d'être comme un livre de Jacques Poulin.»

Qu'est-ce que je vous disais? Vous l'avez bien ressenti le frisson, non? Les autres thèmes abordés dans ce deuxième recueil sont la rupture, l'art, la nature, les vieilles blessures dont il nous faut guérir, l'amour filial... À ce chapitre, j'ai trouvé particulièrement savoureuse l'idée du pot de peines. Vous connaissez? Il s'agit d'un truc transmis de génération en génération afin d'apaiser les angoisses de l'enfance.

Claude Vallières, auteur-compositeur-interprète et chanteur au sein du groupe La Bande Magnétik, nous livre ici douze tranches de vie écrites d'une plume sensible et élégante qu'on avait déjà appréciée dans «Les jours où je suis né», publié en 2005.

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