mardi 10 novembre 2009

Le jeu de l'ange

Carlos Ruiz Zafon, roman, Éditions Robert Laffont, 537 pages
J'avais adoré L'Ombre du vent, œuvre brillante et originale ayant remporté le Prix du meilleur livre étranger - roman 2004 et s'étant vendue à dix millions d'exemplaires dans le monde. Je nourrissais donc de grandes espérances (merci Dickens) face à cette nouvelle création de l'écrivain catalan. Eh bien tant pis, ce sera pour une autre fois.

Si Le jeu de l'ange n'est pas un mauvais roman, il n'est décidément pas à la hauteur de L'Ombre du vent. On est pourtant ravi d'y retrouver sensiblement la même atmosphère: la Barcelone du début du 20e siècle, le Cimetière des livres oubliés, l'aura de mystère... On est même très intéressé - à prime abord - par les tribulations de David, une carrière qui s'amorce et quelques perles de l'auteur: «L'homme au journal m'observait d'un air amusé, avec cette lucidité que seuls manifestent par moments certains cerveaux dérangés.» Malheureusement ça se gâte après une centaine de pages - l'intérêt s'émousse, on fait du surplace.

En gros, un jeune écrivain gaspillant son talent au profit d'éditeurs véreux se voit offrir un contrat plus que lucratif par une espèce de Lucifer à cravate sorti d'on ne sait où. Le trouble personnage exige de sa part LE livre qui n'a pas encore été écrit, sorte de nouvelle Bible universelle qui aurait un impact crucial sur tous les humains peuplant cette planète en perdition. «Ce que je veux de vous, c'est que vous trouviez une manière intelligente et séduisante de répondre aux questions que nous nous posons tous, et que vous le fassiez à partir de votre propre lecture de l'âme humaine, en mettant en pratique votre art et votre métier. Je veux que vous apportiez un récit qui réveille l'âme.

- Rien de plus...

- Et rien de moins.»

Bien que méfiant, David acceptera ce contrat qu'il signera de son sang puisque de toute façon il n'a plus rien à perdre, ses jours étant comptés. «Je ne peux pas mourir encore, docteur. Pas tout de suite. J'ai des choses à faire. Après, j'aurai toute la vie pour mourir.»

Voilà donc notre macchabée en sursis s'attelant à une tâche qui s'avérera un véritable guêpier où tomberont comme des mouches tous ceux qui l'entourent. Se transformant au fil des pages en justicier-enquêteur, David lui-même échappera à la mort de justesse à maintes reprises, tel un Road Runner version espagnole.

«Il n'est rien, sur le chemin de la vie, que nous ne sachions déjà avant de nous y être engagés. On n'apprend rien d'important dans l'existence, on ne fait que se souvenir.» Pour avoir semé pareil désastre sur son passage, David Martin aura de toute évidence un ou deux souvenirs qui lui auront fait défaut.

Le prêt est une gracieuseté de Livres en tête.

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