mardi 18 août 2009

JULIUS WINSOME

Gerard Donovan, roman, Seuil, 245 pages
Troublant, choquant, empreint de poésie. Voilà un livre qui ne vous laissera pas indifférent.
Un chalet dans le bois. Une passion pour les mots - 3 282 livres laissés par le paternel en tapissent les murs. Un fidèle compagnon à quatre pattes qui se fait abattre sauvagement par un chasseur. Oh, oh, ça va faire mal.
Poursuivons. Un homme. Seul. Doux, bienveillant, prenant grand soin des plantes, des fleurs, des animaux. Un homme bon qui va se transformer en monstre implacable, au cœur aussi glacial que la forêt du Maine sous la tourmente.
Si la vengeance constitue évidemment le nœud de l’histoire, Julius Winsome ratisse beaucoup plus large. On y parle de nature, de littérature, des horreurs de la guerre, de la redoutable efficacité du Lee-Enfield ramené des tranchées par le grand-père. Tout ça dans un style direct, un brin sarcastique: «Vrai, je l’avais traité comme un bébé, et d’aucuns trouvent ça anormal de traiter un animal comme un être humain, alors que tant de malheureux crèvent de faim. Commençons par nourrir ceux qui n’ont rien à se mettre sous la dent! Sans doute ces gens-là nourrissent-ils ces affamés dès qu’ils en ont l’occasion, je n’en ai aucune idée.»
Beaucoup d’originalité, enfin, de la part de celui qui au fil des pages dévoile son âme de poète, usant d’un vocabulaire shakespearien digne de ce nom même après traduction:
«De ton insidiateur j’ai tiré l’incarnate peinture.
Devant son air perplexe j’ai traduit l’anglais en anglais:
J’ai répandu le sang de ton espion.»
Poète, romancier et nouvelliste originaire d’Irlande, Gerard Donovan fera paraître prochainement un recueil de nouvelles: Country of the Grand. On a déjà hâte.
(Le prêt est une gracieuseté de Livres en tête)

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire