mardi 16 juin 2009

Des cadavres dans le placard

Dans la pièce «Le pont de la survivance», les comédiens du Théâtre des Deux Masques ont su rendre l'intensité et l'émotion propres au texte de l'auteure, Mme Catherine Chevrot.
L'amour rend aveugle, n'est-ce pas? C'est bien ce que pensaient Charlotte Todd (France Clavet) et son ami Florian Lizotte (Réjean Boulet)... que cette expression figure dans l'Almanach ou non.
Aveugle, il fallait l'être pour que Tharsile Todd (Nadine Mercier) ne puisse percer à jour l'être psychotique dont elle était amoureuse. Jean-Baptiste Corriveau (Jérôme Landry), a déjà derrière lui un lourd passé lorsqu'il s'établit à Montmagny avec femme et enfants. Il a été acquitté, faute de preuves, du viol et du meurtre de son employée Mlle Maçon (Julie Gagné) et des soupçons pèsent sur lui dans une nébuleuse affaire impliquant la disparition de l'un de ses commis.
Le voici donc à Saint-Thomas, violent, abusant de la dive bouteille et sans le sou, dépendant de sa belle-mère pour nourrir ses huit enfants. Les proches de Mme Todd sont inquiets, mais ce n'est pas Ignace (Gabriel Gaudreau) ou Sophie Saint-Pierre (Carole Gendron) qui pourraient prédire les intentions de Corriveau, à la veille de commettre un nouveau meurtre afin de toucher les quelques deniers amassés par belle-maman. Après être passé à l'acte, le fourbe personnage tente de coller son crime sur le dos d'Ignace mais nul n'est dupe. Pas même sa fille Norbelle (Stéphanie Cloutier-Gaudreau), qui essaie vainement de faire entendre raison à sa ô combien naïve maman.
Pour son crime, Jean-Baptiste Corriveau fut condamné à la pendaison avant de voir sa peine commuée en détention à perpétuité. Il est décédé derrière les barreaux 15 ans plus tard, soit en 1870, sa santé s'étant détériorée alors qu'il purgeait sa peine.
Puisqu'il s'agit d'un fait historique - un premier meurtre commis à Montmagny - l'auteure a dû faire preuve d'une grande rigueur et y investir de nombreuses heures de recherche. La qualité de son texte est bien servie par l'excellent jeu des acteurs, un éclairage et des décors soignés et enfin des costumes d'époque assortis.

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