vendredi 12 décembre 2008

Fabulateurs que nous sommes

L'espèce fabulatrice, Nancy Huston, Actes Sud/Leméac 2008, 192 pages
«À quoi ça sert d'inventer des histoires, alors que la réalité est déjà tellement incroyable?»
Cette question, point de départ du dernier essai de Nancy Huston, lui est posée par une femme détenue pour meurtre à la prison Fleury-Mérogis. Comme elle n'est pas pour répondre n'importe quoi à la madame, Nancy Huston prend son temps.
La réflexion qui suivra est lucide, implacable, à la limite du cynisme. L'auteure fera le tour de la question en analysant - et réduisant à néant - tout ce qui nous tient lieu de fictions.
C'est ainsi que l'on ira creuser jusqu'à la racine des notions telles que la recherche d'identité - les croyances - l'instinct animal - la race humaine en tant qu'espèce dotée de conscience et apte à l'interprétation - les fables guerrières, enfin, menant au sublime comme au monstrueux:
«Les fariboles sont précieuses, miraculeuses. Elles nous permettent, les yeux fixés sur l'idéal, de tenir le coup dans l'adversité.
Les fariboles sont funestes, terrifiantes. Elles nous permettent, les yeux fixés sur l'idéal, d'ouvrir le gaz pour exterminer nos semblables.»
À elles seules, ces phrases percutantes résument assez bien le propos de Nancy Huston. Oublions la lecture détente, il va sans dire, mais il y a là intéressante matière à réflexion.

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